Un matin, il n’y a pas si longtemps que ça, je me suis réveillée avec l’impression d’étouffer.

Certes, j’avais toujours été indépendante, parfois même solitaire, mais ce matin-là, ma solitude m’empêchait de respirer. C’était comme si elle ne me correspondait plus, comme si je n’étais plus à ma place dans mon corps et dans ma vie.

Il m’a fallu quelques mois pour comprendre comment et pourquoi j’en étais arrivée à ce point d’isolement, enfermée dans ma bulle, loin de mes amis et de ma famille. Et la réflexion que j’ai menée m’a, comme par le processus d’une démonstration mathématique, conduite sur le chemin suivant :

Constat : je suis seule, je me sens isolée bien qu’ayant de la famille et quelques vrais amis. Cette situation m’insupporte: je n’en peux plus, ça n’est plus moi.

Pourquoi suis-je seule? Parce que j’ai longtemps considéré ne pouvoir intéresser personne, parce que  je suis timide et introvertie, parce que j’ai toujours peur de dire des bêtises, de poser les mauvaises questions, parce que j’ai peur du regard et du jugement des autres. En fait, j’ai honte de moi-même physiquement et intellectuellement.

Pourquoi ai-je honte de moi? Parce que je ne suis pas capable de faire plaisir à ceux qui m’entourent.

Pourquoi ce manque de confiance en moi? Parce que je ne m’estime pas, j’ai une mauvaise image de qui je suis, de comme je suis.

Pourquoi ce manque d’estime de moi? Parce que je me sens coupable de ne pas rendre fiers de moi ceux qui m’entourent.

D’où me vient cette culpabilité? Là est la question clé et là se trouve aussi La Réponse…

Cette culpabilité me vient de remarques, de réflexions faites à la petite fille puis à l’adolescente que j’étais et qui s’est entendu dire et répéter : “ne mange pas ceci”, “fais attention : tu grossis”, “souris”, “tu n’es vraiment pas gracieuse”, “tu as vraiment sale caractère”, “tu passeras ta vie toute seule”.

Toutes ces phrases scandées par une personne qui était censée m’aimer, répétées sous le couvert de “c’est pour ton bien”, n’ont fait que s’imprimer en moi, comme marquées au fer rouge. Elles n’ont fait que me rabaisser, me jeter plus bas que terre et m’y laisser ramper durant plus de 40 années.

Aujourd’hui je sais pourquoi je n’ai jamais eu confiance en moi, pourquoi durant tout ce temps je me suis dépréciée, considérée comme la dernière des dernières. Aujourd’hui je suis sortie de ce tunnel, j’ai trouvé la lumière, je sais qui je suis vraiment et je vis en accord avec ma vraie identité.

S’il n’est qu’une chose à retenir: soyons toujours attentifs aux mots que nous employons, au ton avec lequel nous les assénons, aux regards dont nous les enrobons, aux attitudes dont nous les accompagnons.

Parfois les mots laissent des marques plus profondes et durables que les coups.

Si vous vous reconnaissez dans ce récit et que vous souhaitez en parler, n’hésitez pas à laisser un commentaire.

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