Parfois, suivant des chemins tortueux et inconscients, la vie conduit à une inversion des rôles, plaçant les enfants encore jeunes en position de parents de leurs parents : un phénomène insidieux nommé « parentification », dont je souhaite vous parler dans cet article.
En effet, face à un parent en souffrance pour telle ou telle raison, l’enfant va, à l’instigation du parent ou pas, endosser la panoplie du sauveur, pour devenir le thérapeute, la béquille dudit parent. Il va alors sortir prématurément de l’insouciance qui devrait être la sienne pour prendre en charge et soigner les blessures psychologiques, anciennes ou récentes de son parent. Ce dernier, de son côté, va accueillir cette aide salvatrice comme une aubaine qu’il va parfois inconsciemment générer lui-même, en exprimant ouvertement ses souffrances. Ainsi s’inversent les rôles, l’enfant se sentant alors investi de la mission de rendre son parent heureux.
Ce phénomène de parentification débouchant souvent sur une dépendance affective du parent vis-à-vis de l’enfant, et vice-versa, aboutit à une relation toxique et dysfonctionnelle. Le parent, émotionnellement (ou parfois aussi financièrement) pris en charge par son enfant, s’installe dans son rôle de victime. Pendant ce temps, l’enfant se considérant comme indispensable au bien-être, voire au bonheur de son parent, ne se permet pas de vivre sa propre vie. Il ne veut pas « abandonner » son parent, qui bien souvent, hélas, ne se prive pas d’exprimer ses griefs, dès que l’enfant tente de prendre un peu de distance.
L’enfant, attaché à son parent par un amour indéfectible, ne sera jamais l’instigateur d’une remise à plat d’une situation de parentification. C’est au parent de se prendre en charge afin de rétablir l’ordre naturel des choses. Hélas, il en est bien souvent incapable seul, par manque de volonté. Si cependant il est conscient des choses, le recours à un coach peut s’avérer judicieux et utile. Apportant un regard extérieur au parent sur sa situation et son attitude vis-à-vis de son enfant, il lui apportera l’aide dont il a besoin. Il lui permettra de réinvestir son rôle de parent qui doit protéger son enfant, en évitant de trop l’impliquer dans les méandres de ses propres difficultés.
Cependant, lorsque les choses n’ont pas été réglées assez tôt, une fracture douloureuse mais inévitable se produit lorsque l’enfant devenu adulte coupe, pour un temps, tout contact avec son parent. Cette rupture est indispensable à sa réappropriation de son rôle d’enfant. Elle doit lui permettre de se défaire de son sentiment de culpabilité puis de sa colère vis-à-vis de son parent « défaillant », de sa tristesse de n’avoir pu vivre une vraie enfance. Du côté du parent, cette rupture provoque infailliblement une prise de conscience tout aussi difficile. A ce moment aussi, à l’un comme à l’autre, un coach pourra apporter une aide salvatrice leur permettant de retrouver un vrai équilibre autonome, perdu depuis bien trop longtemps.